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Le travail d'équipe

Travailler en groupe fait partie du quotidien dans les projets techniques, industriels ou informatiques. Pourtant, réussir à faire collaborer plusieurs personnes n’est pas toujours simple. Une équipe efficace ne se construit pas par hasard : elle doit être pensée, guidée et animée.

Dans cet article, nous allons explorer les grandes étapes et les bonnes pratiques de la gestion de groupe : comment constituer une équipe équilibrée, quels sont les pièges à éviter, comment communiquer efficacement et comment définir les rôles de chacun. Vous découvrirez aussi des outils concrets, comme le modèle DISC ou la matrice RACI, qui vous aideront à mieux comprendre et organiser vos projets.

Créer une équipe performante

La première étape dans la gestion d’un groupe consiste à bien choisir et organiser son équipe. Ce n’est pas uniquement une question de compétences techniques : il s’agit aussi de réunir des personnalités et des manières de travailler complémentaires.

L’importance d’une équipe hétérogène

Une équipe performante repose sur deux dimensions :

  • Les fonctions : ce pour quoi chaque membre est engagé (ex. chef de projet, programmeur, responsable logistique).

  • Les rôles : la manière dont chacun interagit et contribue dans le groupe (ex. médiateur, leader, organisateur).

Exemple : une personne engagée comme ingénieur (fonction) peut aussi jouer un rôle de « motivateur », celui qui encourage l’équipe et entretient une bonne dynamique.

Cette diversité est une richesse. Elle permet de mieux gérer les difficultés, d’élargir les points de vue et de renforcer la créativité du groupe.

Comprendre les profils DISC

Pour mieux appréhender cette diversité, le modèle DISC est un outil très utile. Il distingue quatre grands profils comportementaux :

  • Dominant (D) : aime décider, relever des défis et aller vite.

  • Influent (I) : communicatif, enthousiaste, motivant pour les autres.

  • Stable (S) : patient, fiable, soucieux d’harmonie et de cohésion.

  • Conforme (C) : rigoureux, méthodique, attentif aux règles et à la qualité.

profil DISC Chrysalide-formations

Source: Chrysalide-formations.fr

L’objectif n’est pas de mettre les individus dans des cases, mais de comprendre leurs préférences comportementales.

Exemple de test gratuit pour identifier son profil DISC.

Application en management

Connaître ces profils aide à :

  • Adapter sa communication : être direct avec un « Dominant », rassurant avec un « Stable », structuré avec un « Conforme ».

  • Former des équipes équilibrées : éviter les excès de profils similaires qui peuvent créer des tensions ou ralentir les décisions.

  • Anticiper et gérer les conflits : comprendre que les désaccords viennent parfois des styles différents, et non d’un manque de compétence.

  • Motiver chacun : reconnaître la valeur des différents styles et donner à chacun un espace où il peut contribuer au mieux.

Bonnes pratiques du travail en groupe

Constituer une équipe équilibrée est une première étape, mais ce n’est pas suffisant. Pour que le groupe fonctionne réellement, il faut mettre en place des règles simples qui permettent à chacun de travailler efficacement et dans un climat de confiance.

Avoir un but commun clair

Un groupe ne peut avancer que si tous ses membres savent où ils vont. Le but doit être :

  • Précis : pas seulement « terminer le projet », mais définir clairement les objectifs attendus.

  • Partagé : chaque membre doit comprendre et adhérer à ce but.

  • Mesurable : pour savoir à quel moment il est atteint.

Exemple : « Développer un prototype fonctionnel avant la fin du semestre » est un objectif clair, qui donne une direction à tout le groupe.

Clarifier les rôles et responsabilités

Chaque membre de l’équipe doit savoir :

  • Ce qu’il doit faire (ses tâches principales).

  • Ce que font les autres (pour éviter les doublons ou les oublis).

  • Qui peut le remplacer en cas d’absence (continuité du projet).

Quand les rôles sont flous, les tensions apparaissent vite : certains se sentent surchargés, d’autres se retrouvent sans vraie mission.

Définir des règles de communication

La communication est souvent le point faible d’un groupe. Pour éviter les malentendus, il est utile de mettre en place quelques règles dès le départ :

  • Un canal commun (Drive, Teams, Slack, etc.) où tous les documents sont partagés.

  • Des réunions courtes et régulières pour suivre l’avancement.

  • Des méthodes de travail claires (ex. brainstorming, compte rendu, journal de bord).

Ces règles ne doivent pas être lourdes, mais elles garantissent que chacun reste informé et impliqué.

Gérer les conflits rapidement

Les conflits sont inévitables dans un groupe. Ce n’est pas un problème en soi, à condition de les traiter tôt et de manière constructive.

  • Détecter vite les tensions : une remarque sèche ou un silence prolongé peuvent être des signaux.

  • Donner un espace de parole : chacun doit pouvoir exprimer son point de vue.

  • Rechercher des solutions : se concentrer sur les faits et non sur les personnes.

Un conflit ignoré risque de dégénérer en clans, en méfiance et finalement en perte de performance.

Documenter et organiser le travail

Enfin, pour éviter de perdre du temps ou de répéter les mêmes discussions, tout doit être documenté et accessible :

  • Répartition des rôles.

  • Décisions prises en réunion.

  • Avancement du projet.

Un bon système d’organisation (dossiers clairs, fichiers bien nommés, outils collaboratifs) permet de gagner en efficacité et d’éviter les frustrations.

Les phases de développement d’un groupe (modèle de Tuckman)

Une équipe ne devient pas performante du jour au lendemain. Selon le psychologue Bruce Tuckman, les groupes passent par différentes étapes avant d’atteindre leur plein potentiel. Comprendre ces phases vous aidera à anticiper les difficultés et à mieux accompagner le travail en équipe.

Constitution : apprendre à se connaître

C’est la première étape, celle de la mise en place.

  • Les membres se rencontrent, se découvrent, cherchent leur place.

  • L’ambiance est souvent polie et positive, mais chacun reste prudent.

  • Le rôle du leader est de clarifier les attentes, définir les objectifs et instaurer un premier esprit d’équipe.

Ici le rôle du leader est de créer des liens dans l'équipe par des activités formelles et ou informelles. Comme par exemple : organiser une activité conviviale (apéritif, escape game, atelier collaboratif) peut aider à briser la glace et créer une dynamique dès le début.

Tension : les divergences apparaissent

Rapidement, les différences de points de vue et de personnalité émergent :

  • Luttes de pouvoir.

  • Conflits d’idées ou de méthodes.

  • Désaccords sur la répartition des tâches.

Cette phase est inévitable. Si elle est mal gérée, elle peut conduire à des clans ou à l’éclatement du groupe.
Le rôle du leader est alors crucial : écouter, canaliser les débats et rappeler le but commun.

Normalisation : trouver un équilibre

Petit à petit, l’équipe commence à se stabiliser :

  • Des règles de fonctionnement sont acceptées par tous.

  • Les membres apprennent à se faire confiance.

  • La cohésion se renforce, même si elle reste fragile.

Exemple : décider ensemble d’un mode de communication (réunion hebdo, partage sur Teams) crée un cadre clair qui rassure tout le monde. Le leader ne doit pas s'imposer mais négocier pour que tous se reconnaissent dans le cadre commun. 

Production : atteindre la performance

C’est la phase où l’équipe fonctionne à plein régime :

  • Forte coopération et échanges fluides.

  • Confiance mutuelle et motivation élevée.

  • Efficience : le groupe atteint ses objectifs avec qualité et dans les délais.

Ici, le leader devient surtout un facilitateur : il soutient l’équipe et la motive, mais la dynamique est largement autoportée.

Dissolution : clore le projet

Quand le projet touche à sa fin, le groupe se dissout :

  • Finalisation des tâches.

  • Séparation des membres.

  • Fierté du travail accompli, mais parfois aussi un sentiment de vide.

Le rôle du leader est de valoriser les réussites, individuelles et collectives, afin que l’expérience reste positive et marquante pour tous.

La communication dans un groupe

La communication est le moteur qui permet à une équipe de fonctionner. Même si les objectifs sont clairs et les rôles bien définis, un projet peut échouer si les membres du groupe ne parviennent pas à s’exprimer et à s’écouter correctement.

Toute communication comporte deux aspects :

  • Rationnel : le contenu du message, les faits, les données objectives.

  • Émotionnel : la manière dont le message est dit, le ton, l’attitude, le langage non-verbal.

Exemple : un simple « ça va » peut exprimer de l’intérêt sincère, une politesse mécanique ou même de l’ironie, selon la manière dont il est prononcé. Dans un groupe, il est donc essentiel de ne pas seulement se concentrer sur « ce que l’on dit », mais aussi sur « comment on le dit ».

Les règles de base pour une communication claire

Quelques bonnes pratiques simples améliorent immédiatement les échanges :

  • Reformuler pour vérifier la compréhension (« si je comprends bien, tu proposes que… »).

  • Donner du feed-back de manière constructive, au bon moment.

  • Parler en « je » plutôt qu’en « on » ou en « tu » accusateur.

  • Respecter les tours de parole : une seule personne parle à la fois.

  • Accepter les silences : ils permettent de réfléchir et d’éviter les interruptions.

Ces règles évitent bien des malentendus et réduisent les tensions.

La perception et ses biais

Un autre élément important est la perception. Nous ne voyons pas la réalité telle qu’elle est, mais à travers nos filtres personnels :

  • Nos expériences passées.

  • Nos croyances et préjugés.

  • Nos appartenances culturelles, familiales ou professionnelles.

Ces filtres peuvent créer des biais :

  • Effet de halo : une qualité perçue chez quelqu’un (ex. « il est sympathique ») entraîne une vision globalement positive, même sans preuve.

  • Stéréotypes : juger une personne sur des clichés (« elle conduit mal, parce que c’est une femme »).

  • Projection : attribuer aux autres nos propres pensées ou émotions (« si j’étais lui, je serais jaloux, donc il doit l’être »).

Prendre conscience de ces biais permet de mieux écouter et de moins juger hâtivement.

La communication non-verbale

On estime que le poids des mots dans une communication est faible par rapport au ton et au langage corporel (règle dite du 7-38-55).

  • 7 % : les mots.

  • 38 % : la voix (intonation, rythme, volume).

  • 55 % : le corps (gestes, postures, expressions du visage).

Un sourire, un froncement de sourcils, un soupir… tout cela communique autant qu’un discours.
C’est pourquoi il est difficile de « mentir avec son corps » : les gestes trahissent souvent ce que nous pensons réellement.

La communication assertive

Dans un groupe, il n’est pas rare de rencontrer des désaccords. La manière dont chacun exprime son opinion ou défend ses besoins influence directement l’ambiance et l’efficacité collective. C’est ici qu’intervient la communication assertive, un style d’échange équilibré et respectueux.

Trois styles de communication

Face à un désaccord, il existe trois grandes manières de réagir :

  • Le style passif : éviter le conflit, ne pas dire ce que l’on pense, accepter des tâches ou des décisions sans les remettre en question.
    Exemple : « Ce n’est pas grave, je m’en occuperai… » même si vous êtes déjà surchargé.

  • Le style agressif : imposer son point de vue, dominer la conversation, attaquer l’autre au lieu de discuter du problème.
    Exemple : « Tu m’en demandes toujours trop, c’est ton travail ! »

  • Le style assertif : exprimer ses besoins clairement, avec respect, sans écraser l’autre.
    Exemple : « Je suis déjà chargé de plusieurs tâches, je ne peux pas m’occuper de celle-ci maintenant. »

L’assertivité n’est ni une faiblesse ni une attaque : c’est une affirmation de soi, équilibrée et constructive.

Les clés de la communication assertive

Pour pratiquer ce style de communication, quelques principes simples peuvent être appliqués :

  • Utiliser le « je » plutôt que le « tu » accusateur : « Je ressens de la pression » est plus efficace que « Tu me mets la pression ».

  • Exprimer ses besoins et émotions sans agressivité : dire ce que l’on veut, sans chercher à dominer.

  • Écouter et reformuler : montrer que l’on a compris l’autre, même si on n’est pas d’accord.

  • Garder un ton calme et respectueux, même dans les situations tendues.

Pourquoi l’assertivité est essentielle en groupe

  • Elle réduit les conflits destructeurs en permettant de discuter sans blesser.

  • Elle renforce la confiance : chacun sait qu’il peut s’exprimer sans crainte.

  • Elle favorise l’efficacité : au lieu de perdre du temps dans des tensions, le groupe avance sur des solutions concrètes.

Exemple pratique : si un membre n’a pas respecté un délai, une réaction agressive (« tu ne fais jamais ton travail ») crée du ressentiment, une réaction passive (« ce n’est pas grave ») encourage le laxisme, tandis qu’une réaction assertive (« j’ai besoin de ta partie du rapport pour avancer, peux-tu la terminer aujourd’hui ? ») permet de résoudre le problème sans détériorer la relation.

Rôles et fonctions dans un groupe

Pour qu’un groupe fonctionne efficacement, il est essentiel de distinguer deux notions souvent confondues : les rôles et les fonctions. Clarifier ces deux dimensions permet d’éviter les malentendus et d’assurer une meilleure organisation.

Fonction : ce pour quoi on est engagé

La fonction correspond à la mission officielle de chaque membre du groupe. Elle est liée à ses compétences techniques ou à son poste.
Exemples : chef de projet, responsable logistique, programmeur, testeur, rédacteur de documentation.

Attribuer clairement les fonctions permet de savoir qui fait quoi et de répartir la charge de travail de manière équilibrée.

Rôle : la manière dont on contribue au groupe

Le rôle, quant à lui, n’est pas forcément défini dans l’organigramme. Il dépend de la personnalité et du comportement de chacun.
Exemples : le motivateur, le médiateur, l’innovateur, l’organisateur, le critique constructif.

Un même membre peut occuper une fonction technique précise (par ex. testeur) et, en parallèle, jouer un rôle relationnel important (par ex. celui qui apaise les tensions).

Outils pour clarifier les responsabilités

  • La matrice RACI : un outil simple qui définit pour chaque tâche qui est :

    • R (Responsable) : celui qui fait.

    • A (Approbateur) : celui qui valide.

    • C (Consulté) : ceux dont l’avis est demandé.

    • I (Informé) : ceux qui doivent être tenus au courant.

Cet outil évite les zones grises où personne ne décide, ou les doublons où plusieurs personnes se disputent la responsabilité.

  • Le tableau des fonctions : attribuer à chaque membre un pourcentage de temps ou d’effort consacré à chaque tâche. Cela permet de vérifier que la charge est bien répartie et que toutes les fonctions essentielles sont couvertes.

Les bénéfices d’une répartition claire

Quand les rôles et fonctions sont bien définis :

  • Le groupe gagne en efficacité : chacun sait ce qu’il doit faire.

  • Les conflits diminuent : il y a moins de zones floues ou de tâches oubliées.

  • Des synergies apparaissent : l’équipe devient plus que la somme de ses membres (principe de non-sommativité : 1 + 1 + 1 > 3).

  • Le climat de travail est plus agréable : humour, plaisir et entraide s’installent naturellement.

En résumé, une équipe performante, ce n’est pas seulement des compétences, mais aussi une organisation claire où chacun a une place reconnue et valorisée.

Conclusion

La gestion de groupe est un art aussi bien qu’une méthode. Tout au long de cet article, nous avons vu que la réussite d’une équipe repose sur plusieurs ingrédients :

  • La diversité : une équipe performante est composée de profils et de personnalités complémentaires.

  • Les bonnes pratiques : un but clair, des règles de communication, une gestion proactive des conflits.

  • Les étapes de développement : tensions et blocages font partie du chemin, mais ils peuvent être transformés en leviers de progression.

  • La communication : au-delà des mots, la perception, les émotions et le langage non-verbal jouent un rôle clé.

  • L’assertivité : dire les choses avec clarté et respect est essentiel pour maintenir la cohésion.

  • Les rôles et fonctions : définir qui fait quoi et reconnaître les contributions de chacun libère des synergies puissantes.

En résumé, un groupe n’est pas simplement la somme d’individus travaillant côte à côte. C’est une dynamique collective qui, bien accompagnée, permet d’atteindre des résultats supérieurs à ce que chacun pourrait réaliser seul.

La gestion de groupe n’est pas une science exacte, mais une compétence qui se développe par l’expérience et la réflexion. Plus vous pratiquerez, plus vous serez capables de créer des équipes où la collaboration devient une véritable force.